La Beauté des lignes - Chefs-d’œuvre de la collection Gilman et Gonzalez-Falla
Exposée pour la première fois en Europe, la collection privée de photographies que Sondra Gilman et Celso Gonzalez-Falla ont construite depuis les années 1970 figure parmi les plus importantes du monde. Basée à New York, dans la maison personnelle du couple, elle est constituée de plus de 1500 tirages – presqu’exclusivement originaux – des plus importants photographes des 20e et 21e siècles. Ilse Bing, Henri Cartier-Bresson, Hiroshi Sugimoto et Rineke Dijkstra côtoient les plus grands noms américains comme Man Ray, Edward Weston, Diane Arbus, Robert Frank et Nan Goldin. Le plus souvent signés par les artistes, les tirages habitent les lieux et offrent leur compagnie singulière dans la vie du couple.
La richesse de la collection donne la possibilité de se laisser aller à flâner dans l’histoire de la photographie pour appréhender toute la force visuelle des images à travers les époques, sans chercher à décrire, dans une chronologie serrée, l’évolution des formes, ni s’imposer une discipline théorique complexe. Il s’agirait plutôt ici de s’offrir le luxe de confronter des chefs-d’œuvre sur des bases essentiellement formelles, de manière à percevoir que les résonances dépassent souvent les distances temporelles et géographiques.
Le terrain de jeu est vaste et permet d’explorer la force expressive de la ligne photographique. Droites, parallèles, courbes ou abstraites, les lignes ne constituent qu’une partie de l’éventail formel de la photographie dans lequel le cadrage, le point de vue, la lumière et les ombres jouent également un rôle important. Il n’existe, bien sûr, pas de grammaire de la ligne photographique. Telle ligne droite ne dira pas la même chose que telle autre, et deux diagonales n’imposeront pas le même rythme dans des œuvres différentes. Faire attention aux lignes, voir comment le photographe les a disposées sur son œuvre, observer les nuances de la ligne d’une image à l’autre, c’est se rappeler que la photographie communique sur le monde par des moyens qui lui sont propres. Très visibles dans les arts graphiques, les lignes s’oublient souvent derrière l’illusion du monde représenté dans la photographie. Cette exposition aimerait pouvoir les remettre en lumière.